« Lorsque l’on perd un proche, on passe par plusieurs sentiment : le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression... l’acceptation. » - Lucas Scott, One Tree Hill.
Entourée de cartons où étaient stockées les affaires de sa grand-mère, Norah se laissa finalement tombée dans le clic-clac qui lui servait de lit en se prenant la tête dans les mains. Elle avait pensé que faire le tri dans sa chambre d’étudiante plutôt que dans cette maison inanimée l’aiderait à accepter cette mort foudroyante. Que nenni. Norah n’avait fait que retarder l’inévitable. A la seconde où elle avait ouvert le premier carton, elle ne s’était pas sentie bien. Puis, à la simple vue du stylo qu’elle utilisait pour remplir sa grille de mots fléchés, ses larmes s’étaient mises à couler toutes seules, creusant des sillons sur ses joues. Norah se doutait bien qu’elle n’était pas encore prête à affronter ce deuil toute seule et qu’elle aurait dû demander à quelqu’un – Thomas, en l’occurrence – d’ouvrir tous ces cartons avec elle. Cependant, elle ne voulait pas qu’il la voit ainsi. Il l’avait toujours connu confiante, tête-brûlée, franche et combative ; elle ne tenait pas à ce qu’il la découvre faible, silencieuse et les nerfs à fleur de peau…
C’est le moment qu’il choisit pour lui rendre visite. Elle le reconnaissait rien qu’à sa façon de frapper contre la porte qui n’avait pas changé depuis l’enfance. Il devait avoir eu vent de son retour et ça ne l’étonnait pas vraiment. Norah voulait se lever et lui ouvrir, mais son corps était totalement anesthésié. Elle resta léthargique, même face à l’offre alléchante qu’il lui proposa pour la motiver. Finalement, avec sa mine horrible, c’était peut-être mieux ainsi. Norah cessa donc de respirer et tendit l’oreille en guettant un bruit extérieur afin de s’assurer que Thomas renonçait pour ce soir. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne s’autorise à respirer, persuadée d’avoir entendu des bruits de pas s’éloigner. Mais soudain, la porte s’ouvrit. Il n’avait jamais quitté le pas de la porte.
Elle devina sa silhouette dans l’encadrement de la porte. Il l’observait. Ses épaules s’affaissèrent aussitôt sous le poids de son regard qu’elle osait à peine affronter. Norah se sentait mal de l’avoir ignoré tout ce temps. Il devait lui en vouloir lui aussi !
Finalement, après un court instant qui lui sembla durer une éternité, Thomas s’installa à côté d’elle et l’entoura de ses bras dans une étreinte réconfortante. Ce simple geste suffit à la faire sortir de sa léthargie. Norah lui répondit en le serrant à son tour de ses bras et laissa une dernière larme couler le long de sa joue qu’elle s’empressa d’essuyer contre le tissu de son T-shirt avant de fermer les yeux pour apprécier ce moment de réconfort. Thomas en avait toujours eu le don ; il savait comment consolider son cœur brisé après chaque rupture mais aujourd’hui, c’était d’un deuil dont il était question. Elle frissonnait rien que d’y repenser. Dans les bras de Thomas, Norah sembla retrouver assez de force pour reprendre le contrôle de ses émotions. Ainsi, après quelques minutes de silence, elle s’arracha de son étreinte et essuya ses joues d’un revers de manche. Elle renifla bruyamment, puis lui adressa un sourire – ou du moins une grimace – de remerciement.
« Désolée. » dit-elle, d’une voix enraillée, sûrement à cause des journées et nuits passées à pleurer sa grand-mère. Elle était désolée. Désolée de ne pas lui avoir ouvert la première fois et d’avoir été surpris dans un moment comme celui-ci, de lui avoir offert cette vision de fragilité alors qu’il avait toujours vu en elle un petit bout de femme forte et indépendante.
« Merci d’être passé. » ajouta-t-elle tout de même, lui faisant ainsi comprendre que sa présence était là bienvenue.